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«La Suisse peut viser le titre mondial»

Ancien sélectionneur national, Ralph Krueger est de retour en Suisse durant la période de confinement

Ralph Krueger a été durant douze ans le sélectionneur de l’équipe de Suisse. © Keystone-archives
Ralph Krueger a été durant douze ans le sélectionneur de l’équipe de Suisse. © Keystone-archives

Sascha Fey

Publié le 11.05.2020

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Hockey sur glace » Il y a 23 ans, Ralph Krueger était nommé entraîneur de l’équipe de Suisse. Un signal fort pour le hockey helvétique. Sous la conduite du Canado-Allemand, la Suisse s’est installée dans le top 8. En mai 2019, Krueger a retrouvé une place en NHL comme coach principal des Buffalo Sabres après avoir dirigé en 2012-2013 les Edmonton Oilers. De 2014 à 2019, il s’était immiscé dans le monde du football avec une place dans le comité exécutif du club de Premier League de Southampton.

Vous êtes rentré en Suisse après l’interruption de la saison de NHL. Vous ne vouliez pas rester aux Etats-Unis?

Ralph Krueger: C’était évident. La Suisse dispose d’un des meilleurs systèmes de santé publique. En outre, nous sommes ici à la maison. Et dans une telle situation, on aime mieux être chez soi, d’autant que cela pourrait durer encore quelques mois.

Pour votre équipe, les play-off étaient devenus inaccessibles. Quel bilan tirez-vous de cette saison interrompue?

Il y a eu des hauts et des bas. L’équipe a perdu son esprit de combat et sa faim quand nous sommes sortis de la course aux play-off. Le tout jeune noyau a cru dans nos plans. Je suis persuadé que nous possédons une base sur laquelle nous pouvons bâtir pour la saison prochaine. Mais c’est clair que nous sommes déçus.

Vous étiez déjà coach principal à Edmonton en 2012. Avez-vous constaté un développement de la NHL entre ces deux expériences?

L’influence européenne est devenue encore plus grande. La différence entre le hockey en Suisse et celui de NHL n’est plus aussi grande qu’avant. Les matches se ressemblent, l’offensive prime. Les nombreuses obstructions qui avaient cours ont disparu avec les changements de règles. Les zones offensives et défensives ont été agrandies et les pénalités sont distribuées avec plus de sévérité. Tout est dirigé pour un jeu plus offensif. Cela signifie que les coaches doivent aussi s’adapter. On doit avoir un autre système, on doit composer avec d’autres principes.

Côté suisse, Roman Josi a été récemment élu par ses pairs comme troisième meilleur défenseur de la Ligue. Que cela vous inspire-t-il?

Roman, wow! C’est une superstar. Il possède le package complet. On parle d’un défenseur incroyablement positionné et qui en même temps porte une grande responsabilité. C’est un exemple pour tous les défenseurs du monde dans le jeu moderne. Sur le plan du caractère, c’est un super type. Je me réjouis beaucoup qu’il reçoive un tel respect de la NHL.

Comment jugez-vous le développement du hockey suisse?

Des joueurs qui étaient encore juniors lorsque nous avons battu le Canada à Turin (Jeux olympiques 2006, ndlr) jouent désormais en NHL. Mark Streit a brisé une barrière avec sa volonté de réussir en NHL et a ouvert un chemin aux autres. C’est magnifique de rencontrer des joueurs suisses en NHL. La National League est un excellent championnat dans lequel les jeunes joueurs peuvent bien se développer. Il n’y a pas seulement la voie des ligues juniors nord-américaines pour atteindre la NHL, on peut très bien rester en Suisse. Le travail avec la relève dans ce pays est efficace, les programmes des équipes nationales également. Tout le monde effectue un excellent boulot. Si bien que je suis persuadé que dans les dix prochaines années, il y a aura régulièrement des joueurs suisses en NHL.

Quelles qualités faut-il pour réussir le saut en NHL?

Cela commence par le patinage. Tu dois être incroyablement souple et mobile pour prétendre jouer en NHL. Tu dois être bon avec la canne. Si tu possèdes ces deux qualités, il est important de choisir une identité claire. Es-tu un défenseur offensif, un défenseur défensif, un spécialiste du power-play ou du box-play? Tu dois être un spécialiste. Si tu es bon un peu partout, tu ne feras pas de vieux os en NHL. J’essaierais de trouver cette identité et de la suivre. Je l’ai appris en football. J’ai été surpris comme peu de joueurs à Southampton pouvaient jouer à une autre position. Je ne l’avais jamais envisagé. En hockey, on pense moins aux spécialistes, chacun doit pourtant avoir un rôle clair.

Estimez-vous réaliste que la Suisse puisse devenir un jour championne du monde, comme l’a annoncé Patrick Fischer?

C’est 100% réaliste, comme le montrent les deux médailles d’argent aux mondiaux 2013 et 2018. Nous avons actuellement, avec Roman Josi et Nico Hischier, les leaders dont nous avons besoin pour devenir champions du monde. Je me réjouis déjà du premier titre mondial ces prochaines années. ATS

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