La Liberté

Les prostituées à l’arrêt

Les travailleuses du sexe ne peuvent plus pratiquer leur métier

Les prostituées à l’arrêt
Les prostituées à l’arrêt

Mélodie Rossier

Publié le 11.05.2020

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Covid-19 » «Depuis le 16 mars, la prostitution est interdite en raison du coronavirus», rapporte Corinne Siffert, responsable au sein de Grisélidis, un programme de soutien pour les travailleuses du sexe fribourgeoises. «Depuis cette date, les travailleuses n’ont plus de revenu. Or la plupart des femmes travaillant à Fribourg sont d’origine étrangère, elles sont déjà stigmatisées et vivent dans la précarité», déplore la responsable. L’une d’entre elles rapporte que la décision fédérale l’a plongée dans l’incertitude: «Je ne pensais pas que l’on proscrirait tout rapprochement physique. Je n’étais pas prête», explique Jana*, travailleuse du sexe fribourgeoise.

«Notre rôle a changé, nous nous efforçons de trouver des solutions pour qu’elles aient à manger et un minimum d’argent», explique Corinne Siffert. Si Jana a bénéficié de leur aide, les démarches administratives pour les travailleuses qui peuvent recevoir une allocation de perte de gain nécessitent du temps. «Je devais attendre quatre semaines avant de recevoir l’argent, alors je me suis dit qu’il servirait à payer mon cercueil», raconte Jana, actuellement aidée par ses voisins. Pour elle, le confinement est tombé au mauvais moment. «Je n’avais déjà pas travaillé durant quelque temps car j’étais malade et je viens de déménager dans le canton de Fribourg. Cela a compliqué ma demande d’aide financière», confie-t-elle. Selon Jana, le problème n’est pas le coronavirus en soi mais bien les frais relatifs à son travail qui ne lui permettent pas d’épargner de l’argent pour survivre à une telle situation.

Sessions vidéo

Pour d’autres personnes, la crise est moins sévère. «Je ne suis présentement pas en urgence financière, bien que je risque de le devenir si l’interdit s’éternise», déclare Yumie*, 25 ans, elle aussi travailleuse du sexe. Celle-ci continue à travailler différemment et a mis en place des sessions vidéo. «J’espère ainsi non pas gagner de l’argent, mais simplement ne pas en perdre», explique-t-elle, avant d’ajouter: «Mon métier me manque, car il est pour moi un moyen d’apporter du bien-être et de la beauté au monde.» D’un naturel introverti, elle estime s’accommoder plutôt bien au confinement. «J’ai choisi de préserver ma santé mentale, je ne me renseigne pas sur l’actualité. Je privilégie mon monde intérieur, qui est en ce moment porté sur une recherche spirituelle», explique-t-elle.

La jeune femme ajoute que la situation des travailleuses du sexe est différente dans chaque pays. «En Suisse, nous sommes plutôt confortables, nous avons des droits et sommes reconnues légalement comme citoyennes. En France par contre, la situation de mes consœurs est terrible», regrette-t-elle. Par solidarité, le collectif de la Grève des femmes et Grisélidis ont lancé un pot commun en ligne afin de récolter de l’argent pour leur venir en aide.

* Prénoms d’emprunt

Plus d’infos sur le site www.lepotsolidaire.fr

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