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Enola Holmes, ou comment parler de féminisme sur grand écran

L’article en ligne – Film TV » Enola Holmes, nouveau film phare de la plateforme Netflix, fait dernièrement beaucoup parler de lui. Verdict ? 

Forte et intelligente, Enola refuse de se plier à l’autorité d’une société machiste et affronte à mains nues ses adversaires. © Netflix
Forte et intelligente, Enola refuse de se plier à l’autorité d’une société machiste et affronte à mains nues ses adversaires. © Netflix

Leonardo Mariaca

Publié le 17.10.2020

Temps de lecture estimé : 4 minutes

En cette période de vache maigre dans le monde du cinéma, s’il y a bien un film que vous n’avez pas pu rater, c’est Enola Homes. Disponible depuis quelques semaines sur la plateforme Netflix, le film est porté par un casting cinq étoiles avec à son bord Millie Bobby Brown, Henry Cavill, Sam Claflin et Helena Bonham Carter. Enola Holmes, c’est l’adaptation de la série de livres Les Enquêtes d’Enola Holmes, écrites par Nancy Springer depuis 2006. On suit l’histoire d’Enola Holmes, sœur cadette de Mycrotf et de Sherlock Holmes, le célèbre détective. Rien à voir donc avec les écrits de Sir Arthur Conan Doyle du 20ème siècle, puisqu’originairement, Sherlock n’a pas de sœur. 


A l’encontre des clichés
Enola Holmes (Millie Bobby Brown) est élevée par sa mère Lady Eudoria Vernet Holmes (Helena Bonham Carter)  dans la maison familiale, Ferndell Hall, près du village de Kineford. Bien qu’elle n’ait jamais revu ses célèbres frères depuis l’enterrement de leur père, elle vit une enfance heureuse aux côtés de sa mère. Cette dernière lui enseigne la littérature, l’art, les sciences, sans oublier qu’elle lui apprend comment se battre. En somme, Eudoria est déterminée à faire d’Elona une jeune femme indépendante dans l’Angleterre patriarcale du 20ème siècle.  Mais bientôt un bouleversement survient : le jour des 16 ans d’Enola, sa mère disparaît mystérieusement. La jeune fille appelle alors ses frères à la rescousse mais comprend très vite que le très autoritaire Mycrof Holmes (Sam Claflin) veut l’envoyer dans un pensionnat de jeunes filles et que Sherlock Holmes (Henry Cvill) ne semble pas décidé à l’en empêcher : Enola décide alors de s’enfuir et de résoudre le mystère par elle-même. 
Abordant une multitude de thèmes féministes, le film est construit pour renverser les clichés tout en ayant l’intelligence de se questionner lui-même. Ainsi, à la place d’une demoiselle en détresse, on retrouve un damoiseau à secourir en la personne du vicomte Tewksbury (Louis Partridge). Le réalisateur Harry Bradbeer prendra un malin plaisir à faire de ce dernier un grand romantique au visage doux et passionné de botanique. Enola quant à elle est forte, intelligente, refuse de se plier à l’autorité d’une société machiste et affronte à mains nues ses adversaires. 
Mais le film ne se contente pas de renverser les clichés, il les questionne. En effet, si Enola est à contre-courant des attentes que la société patriarcale du 20ème exige d’une jeune fille, cela ne l’empêche pas de tomber amoureuse d’un garçon et de prendre plaisir à porter une robe. Ainsi, le film semble exprimer l’idée que la clef n’est pas tant la rébellion que la liberté : Enola veut faire entendre sa voix en faisant ce qui lui plait. Elle est une personne complète, avec des traits de caractère qui vont au-delà des stéréotypes de genres.


Les couacs
Pour les moins, on regrettera un Sherlock Holmes plat et un Mycroft Holmes exagérément détestable. Le film rompt aussi un peu lourdement le quatrième mur, mais le reproche principal serait le fait que contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas un film d’enquête. En effet, le film ne propose aucun indice pour que le spectateur puisse s’amuser à résoudre l’énigme. Il s’agit plutôt d’un film d’aventure, ce qui n’est pas un défaut en soi, mais les fans de Sherlock Holmes resteront sur leur faim.  
A propos de ce dernier, le film essuie actuellement une plainte pour violation des droits d’auteur. En effet, Sherlock est initialement un être froid, addict aux drogues et incapable de sociabiliser. Des traits de personnalités plus chaleureux n’ont été introduits qu’en 1923, or les livres de cette période ne sont pas libres de droits.


Verdict
Finalement, le film est une réussite, plus subtile que ce que l’on pourrait croire, en passant un message féministe et progressiste tout en restant dynamique et fun. Je vous recommande donc de le visionner, et si vous avez encore soif de cet imaginaire britannique, je vous conseille également de regarder la série Sherlock de la BBC, également sur Netflix.


Enola Holmes


Film d’aventure réalisé par Harry Bradbeer avec Millie Bobby Brown, Henry Cavill, Sam Claflin et Helena Bonham Carter.
Disponible sur Netflix depuis le 23 septembre 2020.


 

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