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Veto américain à l'adhésion des Palestiniens à l'ONU

Des Gazaouis prennent congé de leurs proches et parents tués sous les bombes israéliennes. © KEYSTONE/EPA/HAITHAM IMAD
Des Gazaouis prennent congé de leurs proches et parents tués sous les bombes israéliennes. © KEYSTONE/EPA/HAITHAM IMAD
Des Gazaouis prennent congé de leurs proches et parents tués sous les bombes israéliennes. © KEYSTONE/EPA/HAITHAM IMAD
Des Gazaouis prennent congé de leurs proches et parents tués sous les bombes israéliennes. © KEYSTONE/EPA/HAITHAM IMAD
Les Etats-Unis sont les seuls à s'être opposés à la demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU (archives). © KEYSTONE/FR171758 AP/YUKI IWAMURA
Les Etats-Unis sont les seuls à s'être opposés à la demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU (archives). © KEYSTONE/FR171758 AP/YUKI IWAMURA


Publié le 18.04.2024


Les Etats-Unis ont mis fin jeudi à l'infime espoir d'adhésion pleine et entière des Palestiniens à l'ONU, mettant sans surprise leur veto au Conseil de sécurité à une revendication fustigée par leur allié israélien, en pleine guerre à Gaza. La Suisse s'est abstenue.

L'autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a fustigé le veto américain, y voyant une "agression flagrante" qui pousse le Moyen-Orient "au bord du gouffre".

Depuis plusieurs semaines, les Palestiniens, qui ont depuis 2012 le statut inférieur de "d'Etat non membre observateur", ainsi que les pays arabes imploraient le Conseil de sécurité d'accepter qu'un "Etat palestinien" déjà reconnu par la majorité des capitales prenne sa place "légitime" au sein de l'ONU.

"Accorder à la Palestine une adhésion pleine et entière à l'ONU allégerait une partie de l'injustice historique subie par des générations de Palestiniens", a encore plaidé jeudi devant le Conseil de sécurité Ziad Abu Amr, haut responsable de l'autorité palestinienne, en vain.

Retarder le vote

Les Etats-Unis, qui ont tout fait pour retarder le vote, n'ont pas hésité à recourir à leur droit de veto qu'ils utilisent régulièrement pour protéger leur allié israélien. Le projet de résolution présentée par l'Algérie, qui "recommande à l'assemblée générale que l'Etat de Palestine soit admis comme membre de l'ONU", a recueilli douze voix contre une et deux abstentions, celles du Royaume-Uni et de la Suisse.

"Un échec à agir serait une erreur grave et impardonnable. Ne pas se réveiller aujourd'hui serait permettre la poursuite de l'injustice et de l'impunité, une honte éternelle", a lancé, en vain, juste avant le vote l'ambassadeur algérien Amar Bendjama.

L'admission d'un Etat à l'ONU doit recevoir une recommandation positive du conseil (au moins 9 voix sur 15 en faveur, sans veto d'un membre permanent), puis être approuvée par l'assemblée générale, à la majorité des deux-tiers.

Les Etats-Unis n'ont cessé de répéter ces dernières semaines que leur position "n'a pas changé" depuis 2011, lorsque la demande d'adhésion présentée par le président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait tourné court face à l'opposition américaine, avant même d'atteindre l'étape du conseil.

Pas le bon endroit

Ils estiment que l'ONU n'est pas le lieu pour la reconnaissance d'un Etat palestinien, qui devrait selon eux, être issu d'un accord entre Israël et les Palestiniens. Ils soulignent aussi que la législation américaine leur imposerait de couper leur financement à l'ONU en cas d'une adhésion palestinienne en dehors d'un tel accord bilatéral.

Le dernier veto à l'adhésion d'un Etat à l'ONU date de 1976, quand les Américains avaient bloqué l'entrée du Vietnam.

Les Israéliens dénonçaient également avec virulence l'initiative palestinienne, fustigeant le simple fait que le Conseil de sécurité examine la requête palestinienne que leur ambassadeur à l'ONU Gilad Erdan a jugé "immorale". Le gouvernement israélien s'oppose à la solution à deux Etats, défendue par une grande majorité de la communauté internationale, dont les Etats-Unis.

La majorité des 193 Etats membres de l'ONU (137 selon le décompte de l'autorité palestinienne) reconnaissent de manière unilatérale un Etat palestinien.

"Au bord du précipice"

Dans ce contexte, le secrétaire général de l'ONU a peint devant le Conseil de sécurité un tableau effrayant de la situation au Moyen-Orient. "Le Moyen-Orient est au bord du précipice. Les derniers jours ont vu une escalade dangereuse, par les mots et les actions", a déclaré António Guterres.

"Une erreur de calcul, une mauvaise communication, une méprise, pourrait conduire à l'impensable, un conflit régional généralisé qui serait dévastateur pour tous ceux concernés, et pour le reste du monde", a lancé le secrétaire général, répétant sa condamnation notamment de l'attaque sans précédent de l'Iran contre Israël le week-end dernier.

"Il est grand temps de mettre un terme au cycle sanglant de représailles", a-t-il plaidé, appelant à "éloigner la région du précipice". "En commençant par Gaza" où "six mois et demi d'opérations militaires israéliennes ont créé un enfer humanitaire", a-t-il déploré, décrivant deux millions de Palestiniens endurant "la mort, la destruction, le déni d'aide humanitaire vitale".

Jeudi encore, de nouvelles frappes israéliennes ont ciblé la petite bande de terre assiégée par Israël depuis le 9 octobre. Ces dernières 24 heures, au moins 71 morts supplémentaires ont été recensés dans la bande de Gaza, portant à 33'970 le bilan des morts, essentiellement des civils, depuis le 7 octobre, selon le ministère de la santé du Hamas

La guerre a été déclenchée par l'attaque menée le 7 octobre contre Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a entraîné la mort de 1170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

ats, afp

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